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Déforestation en Amazonie : l'histoire (2).

2. La révolution industrielle et l’époque de "l’or noir".


La seconde grande phase d’occupation de la région amazonienne sera liée directe-ment à l’essor de la révolution industrielle en Europe. Des explorateurs britanniques vont alors identifier dans la forêt une matière première importante : l’hévéa qui fournit du latex, désigné alors sous le terme "d’or noir". Encouragés par le gouvernement brésilien, des milliers d’habitants du pays et d’étrangers viennent s’établir sur la région. Entre 1870 et 1900, quelques 300 000 personnes originaires du Nord-Est du Brésil auraient émigré vers l’Amazonie. Ces nouveaux arrivants sont recrutés pour travailler sur les terres où existent des hévéas sauvages mais ils n’ont pas le droit d’accéder à la propriété des zones exploitées. Les périmètres riches en hévéas sont administrés par des familles tradition-nelles locales qui sont en contact direct avec les exportateurs britanniques installés dans la région. Le commerce d’exportation du caoutchouc génère des richesses considérables qui permettent de financer la construction de plusieurs édifices à Belém et Manaus ainsi que d’une ligne de chemin de fer (Madeira-Mamoré, dans l’actuel Etat du Rondônia). La première phase d’expansion de la production de latex et de caoutchouc s’achève sur les premières années du XXe siècle lorsque la production en plantation du latex commence à être développée en Asie. L’Amazonie connaît alors une période de décadence écono-mique jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale. L’extraction du latex aura été pendant plu-sieurs décennies une activité relativement neutre du point de vue de l’impact sur la forêt car les exploitants prenaient soin de ne pas abîmer ou détruire les hévéas et les ressources forestières. Entre 1940 et 1945, privés de l’accès au caoutchouc produit en Asie, les Etats-Unis cherchent à obtenir cette matière première auprès du Brésil. Pendant ces quelques années, l’économie du latex et du caoutchouc connaît un nouvel essor en Amazonie. Ce cycle s’éteindra définitivement avec la fin du conflit mondial.


Le théâtre de Manaus, construit entre 1884 et 1896.

Au cours de cette période, l’Amazonie s’est trouvée relativement isolée du reste du pays avec les restrictions limitant le trafic maritime entre le Nord et le Sud du Brésil. La paix revenue, le gouvernement de Getúlio Vargas va considérer qu’il est essentiel de renforcer l’intégration de cette vaste zone à l’espace national et de permettre aux popula-tions locales dispersées de contribuer à l’essor du marché intérieur qui doit porter le développement de l’industrie brésilienne. L’Etat fédéral lance alors un programme de concessions de terres à de nouveaux colons. Avec le gouvernement de Juscelino Kubitschek (1956-1961) et la construction de la nouvelle capitale Brasilia, le centre géo-graphique, politique et économique du pays est redéfini, au détriment du Sud-Est. Le Président Kubitschek lance la construction de la route Belém-Brasilia qui deviendra un axe de pénétration majeur du biome amazonien. En quelques années, la déforestation est significative. L’agriculture de subsistance traditionnelle associée à l’extractivisme est remplacée par une forme d’agriculture moderne et l’essor de l’élevage bovin extensif. Dès le début des années soixante, sont lancés les chantiers de construction de trois autres routes pénétrant la zone amazonienne : Cuiabá-Porto Velho, Cuiabá-Santarém et la Transamazonienne (BR-230).


Jusqu’au milieu des années soixante, en Amazonie, le foncier relève pour l’essentiel du domaine public. Les propriétaires sont soit l’Etat fédéral, soit l’un des neuf Etats fédérés de la région. A l’époque, sur l’ensemble des terres identifiées par les autorités, 87% sont couvertes par des forêts ou des friches exploitées par des milliers de ruraux (indiens, métis) qui vivent de la chasse, de la pêche et d’activités d’extraction des ressources végétales. Des pâturages naturels étaient alors exploités sur 11% de la superficie de l’Amazonie légale par de petits agriculteurs disposant parfois de titres de propriété anciens. Les terres occupées par des cultures ne représentaient que 1,8% de la surface de ces exploitants dédiées avant tout à l’élevage bovin extensif. En résumé, la quasi-totalité de l’espace de l’Amazonie légale était constituée de terres relevant du domaine public (mais parfois occupées et exploitées irrégulièrement) et désignées sous le terme de terres dévolutas.

(A suivre….)

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